dimanche 23 novembre 2014

Vs





Je n'aime pas le rôle que la société me fait jouer, le rôle que les autres m'ont toujours fait jouer. Je n'aime pas la place qu'ils m'attribuent, les limites qu'ils m'imposent, le cadre qu'ils me fixent, le prisme par lequel ils me voient, l'espace restreint dans lequel ils me permettent de me débattre. Je n'aime pas le sens qu'ils donnent à mes actions, la signification qu'ils donnent à mes formes, les intentions qu'ils m'attribuent. Je voudrais me détacher d'eux, me détacher de leurs imposition, me détacher de la petitesse à laquelle ils me réduisent, du peu de mot qu'ils m'ont légué et dont je dispose pour exprimer le malaise qui se joue quotidiennement. La langue, ce ramassis de signe ne suffisent pas, il y a une insuffisance évidente, une lacune indépassable. Je croule sous les regards qui m'assignent, m'interdisent, me réduisent, me dégradent. Oui c'est ça, parmi vous je devient la substance même de ce que vous me dîtes, je n'ai pas d'autre choix, pas d'alternative possible. C'est un jargon malencontreux.

Que peut on faire? Que puis je faire? Je ne peux pas forcer, je ne peux pas imposer des formes, je suis impuissante à saisir quoi que ce soi. Je n'arrime sur rien. C'est une purée lasse.

Je voudrai redéfinir, je voudrai courir vite. Je voudrai des complices, des âmes proches, des corps d'accord. Je n'imagine plus personne. Je suis trop loin du réel. J'ai dit trop rapidement au revoir au bon sens.
Il faut une bonne dose de courage pour mes projets.
Ma déception du monde, ma désolation devant mes contemporains, mon sentiment d'être limité par leur lenteur, leur bêtise, leur petitesse m'inquiète vaguement.





mardi 18 novembre 2014

Semper Idem

Je voudrais repousser les limites du réel.

Repousser les limites des corps.

Repousser les limites des âmes.

Le monde est étroit et exigu. Ce qu'il est possible de faire, la somme des actes jouables, la somme des émotions possibles à vivre sonnent pauvre.

Y a t il des états d'âme, y a t il des émotions, y a t il des sentiments, y a t il des caractères qui peuvent être inédit, qui peuvent survenir? Dont l'origine serait la naissance, dont la naissance serait l'origine.

Peut on proposer de la nouveauté? Ou la nouveauté ne peut elle exister? Il n'y aurai que des conséquences, des liens de causalité, une chose en implique une autre qui en implique une autre...

Je veux dire comme en musique. Il y a un ensemble de note données. La création c'est l'assemblage. Il ne peut y a avoir de son atomique nouveau.
Comme il ne peut y avoir d'atomes nouveaux. Les choses sont là. Tout le reste n'est qu'union, désunion, formation, déformation, assemblage, dislocation, agglomération, désagrégation, reconstruction, etc...


Les éléments sont là. Qu'est ce qui se créer finalement? Rien .








De ma vie, je n'ai jamais parlé à quelqu'un. 










dimanche 19 octobre 2014

Long time running

Je n'apprécie pas vraiment mon séjour.


Je suis là et je me dis que j'aimerais bien prendre un billet de retour.

Non vraiment ce voyage ne m'est pas plaisant. Et ce n'est pas fini. J'en suis qu'au début; encore beaucoup, beaucoup d'étapes avant d'atteindre la destination finale.



Et parfois je me dis que j'ai pas envie de le faire ce voyage. Genre: " A quoi bon? "


Allez en arrêtant de parler par métaphore. Je veux dire; à quoi ça sert? Parler, dormir, manger. Avoir faim, avoir soif, avoir sommeil, être fatigué, se sentir mieux, pleurer, se lier d'amitier, être déçue, vivre des moments euphoriques, ressentir quelque chose de fort pour quelqu'un, pour un moment, tomber malade; guérrir, avoir peur, avoir honte, être fier, résister, succomber, changer, évoluer, penser une chose, revenir sur ce qu'on a dit. Crier, être en colère, construire, voir son travail détruit, refaire. Créer, apprendre, se souvenir, espérer, être qualifié de, chercher à s'autodéfinir, être libre; être aliéné; être prisonnière. Etre un sexe ou un autre.  Dire non, dire oui. Se battre, laisser tomber, souhaiter le pouvoir, abandonner. Etre pour la violence, oublier. Etre très laide, être très belle, être handicapée, être l'homme le plus rapide du monde. Disserter sur les choses, distancier ses comtemporains.  Faire la guerre, être kamikaze, écrire des livres qui seront lu partout sur la planète. En concertation avec sa classe d'homme, faire des lois, ériger des normes. Se laisser guider par ses sentiments. S'isoler, se confondre, s'éclipser du monde. Faire semblant. Tout comprendre. Ne plus rien savoir. Dériver, contrer, jouer, ironiser, se foutre de la gueule du monde. Chanter, recommencer.

Il y a des jours où le monde me semble être une masse grouillante, indistincte, je ne reconnais plus les gens.
Je ne reconnais plus l'Histoire.
Je sais que je pourrais faire des choses et être arrêté. Cela me rappellerait que nous sommes du même monde eux et moi.
Mais je ne veux pas faire ces choses le plus souvent. Et même quand je les frappe, les gens ne réagissent pas, presque pas, ils sont mou. "Sauvage" m'a t on lançé une fois. Oui, je veux bien l'admettre. 



Je ris des normes parce qu'elles me semblent absurdes, parce que je me dis que nous vallons mieux que ça. Et je ne peux pas croire certains jours que des gens y croient comme des vérités absolues, des lois mécaniques, des choses qui sont; des cadres qui n'ont pas  été élaborés historiquement, souhaité par un petit ou un grand nombre d'individus. Certains jours je me demande même ce que veulent dire mes gestes, en dehors de l'interpretation que les gens en font. Qu'est ce que ça veut dire si je me roule par terre dans la rue? Qu'est ce que ça veut dire si je crie au supermarché? Qu'est ce que ça veut dire si je frappe tout le monde sur mon passage dans une rue très fréquentée, qu'est ce que ça veut dire si je coure dans Paris en poussant un hurlement aigu et long. Je ne suis pas dans les choses; c'est sûr. Mais je ne m'ennuie, pas; je m'angoisse. Je m'angoisse de voir les gens croire à ce qu'il font, croire à ce qu'ils sont, comme des entités immuables et fixes, certaines et sans pivot ni trébuchement. Je m'angoisse de les voir à se croire si légitime, croire leur existence si fondée, justifiée, certaine, évidente. Penser ceci, penser cela, se battre pour, se battre contre, batir sa vie, façonner l'histoire. Etre certain que telle chose est laide, que tel comportement est "anormal". Il y a des gens qui me font peur parce qu'ils ressemblent à des pantins. Articulés par des marionnettistes fantômes. C'est comme si, on leur avait mis plein de choses dans leur corps, très jeune, on les avait construit, mis un moteur, et alimenté ce moteur, et pendant tout ce temps, c'est le montage. Et arrivé a un certains moment, il suffit d'activer le moteur, et il part pour toute la vie. L'automate est lancé. Ces gens me font peur parce que quand tu leur parles d'automates et de moteur, quand tu leur parles sans mots, avec un regard, une attitude, ils te croient folle. Ils n'entendent pas. Ne comprennent pas.

Le dernier truc en date qui m'a fait pété un cable c'est probablement de comprendre que le coït n'est pas du tout une évidence, ni le désir de reproduction un truc inné. Avec des autrices comme Paola Tabet ou la propriétaire du blog (http://jeputrefielepatriarcat.wordpress.com/2013/03/28/le-coit-une-aberration-totale-sauf-si-on-regarde-sa-fonction-dans-le-patriarcat/). Comprendre au sortir de l'adolescence, quand tu émerges au monde, que tu vas devoir "être quelqu'un"; "faire quelque chose de ta vie", et que tu comprends que tout n'est qu'une vaste arnaque, que tu es le fruit d'un système de domination dans lequel seul une moitié de l'humanité a décidé du sors de tout le vivant, que toute la culture avant toi a été exclusivement masculine, les femmes n'ayant eu comme unique rôle que de reproduire cette culture en enfantant des rejetons qui a leur tour se subdiviseront selon leur sexe en producteur ou reproducteur. Quand tu comprends que ta propre mère, ta grand mère et toutes les femmes qui t'on précédé se sont fait berné. Quand dans ton livre d'histoire il n'y a que des noms d'hommes, quand tu fais des sciences en cours et que tu vois que toutes les découvertes ont été faites par les hommes; quand tu assistes aux sempiternelles commentaires sexistes de tes professeurs. Quand tu as été bercée dans l'illusion d'une vie future bonne, pleine de promesses, de réalisations. Quand tu sors la tête du bocal et que tu vois les poissons. T'as peur, t'as mal et tu gémis. C'est un gémissement un peu rauque; comme on en entend rarement dans les films ou les médias; parce qu'il est très désagréable et mettrai tout le monde très mal à l'aise. D'ailleurs je suis capable de mettre tout le monde très mal à l'aise.

Et puis je me demande si les traits de personnalités, les traits de caractère humain -  jaloux, envieux, généreux, moqueur, jovial, timide, colérique, anxieu, fidèle, avard, sot, orgeuilleux, narcissique, égoiste, contemplatif, joueur, craintif, téméraire, sévère, autoritaire, doux, nonchalant, désinvolte, indécis, menteur, provocateur, austère, sympathique, hautain, rigoureux, perfectionniste, belliqueux, distrait, bavard, calme, intègre, snob, méchant, drôle, gentil, simple, susceptible, rancunier, honnête -  sont limités, fini en nombre. Un lot, un jeu de carte, redisctibué à chaque génération. Peut il y en avoir de nouveaux, peut il y en avoir qui sont créés, inédit, jamais apparus jusque là, ou est ce que c'est comme pour les atomes, comme dans la nature "rien ne se perd, tout se transforme"? Est ce que il y a une nature humaine donnée, un lot, une quantité défini de choses qui se redistribue à chaque génération selon les circonstances et les dispositions sociales. Nous ne serions alors que le produit d'une situation. Si nous somme un ensemble de traits de caractères, c'est que nous sommes dans la situation où ces traits de caractère se developperont. Comme une mécanique. Comme des lois. Est ce qu'il existe comme il y a des lois naturelles, des lois qui régissent les rapports humains? Si je te fais ça; automatiquement; il se passe ça? Est ce qu'il y a une logique à laquelle on ne peut échapper? Il suffirait de trouver le bon mode d'emploi pour que tout fonctionne bien. Comme une machine bien contrôlée. Est ce que les choses ne veulent pas dire autre chose? Je pose la question des acteurs et des rôles et des partitions que l'on joue, et des répliques que l'on se donne, et de cette facilité que certain ont à faire comme si cela n'était pas un immense théâtre ou chacun joue son rôle, défend sa place, défend son personnage. Je veux l'authenticité, je tombe expres dans la rue, je me trompe, je défèque pour voir. Vous voulez tous la même chose sans vous l'avouer. Et parfois j'ai l'impression que les gens me mentent. Non les gens se mentent mais ils ne le savent pas. Je rêvais qu'on se pose tous et qu'on discute; calmement; on est là pour quoi en fait? Et puis j'oublie vite que certains sont sur déjà des réponses. Que certains vivent vite. Que certains n'ont pas le temps, car ils font des choses. Moteurs. Moi je suis à l'arrêt et je me pose des questions. Où courrez vous? Où allez vous? Pourquoi? Je rêve d'un monde parfois qui s'arrête et se regarde, en même temps. Il n'y aurait plus rien; un grand aveu de désoeuvrement collectif. Les gens aiment être ensemble propablement, passer du bon temps; vivre. Profitez. Jouir du temps présent; de ce que la vie offre. Les fruits et légumes bien cuisinés sont bon. S'allonger sous le soleil est agréable. Se baigner dans la mer est plaisant. Rire, parler, se toucher avec ses semblables fait plaisir. Avoir froid, se disputer, être malade c'est désagréable. Chercher le plaisir, fuir le déplaisir. Certes. Et après? La quête du bonheur. Très bien. Et après? Construire, inventer, augmenter le réel. Très bien. Et après? Ceux qui me font le plus peur sont probablement ceux qui ne se posent pas de questions. Je ressens quand j'y pense un peu comme dans ces films où le héros est le dernier humain rescapé d'une immense épidémie, un virus qui transforme en zombis. Comme dans "I am a legend", un moment il s'adresse à son chien croyant qu'il n'est pas contaminé et puis il se rend compte qu'en fait si, il l'est. Et là sa dernière chance de ne pas être totalement seule à disparu. Quand les types inventaient des mythes dans l'antiquité. Ils y croyaient putain. Comment tu peux à la fois inventer tout de toute pièce et à la fois y croire dur comme fer et à la fois amener tout le monde à y croire dur comme fer. Il a quand même fallu des siècles et des armées scientifiques pour venir a bout de mensonge qui n'ont été inventé par personne d'autres que de simples mortels... C'est quoi ce concept du mensonge sorti tout droit de ton imagination, dont tu oublis d'ou il est sorti et auquel tu crois. C'est quoi ces enfants? Est ce que c'est un mec qui l'a inventé où est ce que c'est à un moment donné de l'histoire plusieur cerveaux qui ont fonctionné exactement de la même façon, pensé exactement la même chose d'un phénomène; parce que à ce moment donné de lhistoire, face à tel phénomène naturel, l'humain ne pouvait que réagir comme ça. Donc quelque part, c'est mécanique ou déterminé, ou logique ou que sais je. C'est en réaction à. Ou c'est une prise de pouvoir? Il y a souvent des guides, peu nombreux, des suiveurs, l'écrasante majorité, et des dissidents, peu nombreux, peuvent aussi être des boucs émissaires. Les gens ont besoins de croire, d'autres ont besoin d'énoncer, enfin certains sont soucieux de la vérité.  C'est l'histoire des sophistes, de la doxa et des philosophes, c'est l'histoire des apotres, des croyants et des scientifiques, c'est l'histoire aujourd'hui des vendeurs de rêve, de la masse et des intellectuels.
Quand je suis en cours à la fac, on dirait que mes profs courent après un tout petit nombre de dirigeant, dont on ne connait ni le nom ni le visage, et qui guideraient le monde, le tracterai.
Je discutai avec cette fille qui me parlai de communisme libertaire "je ne verrais la société idéale et utopique que je voudrais de mon vivant" soit; mais si elle advient. Et après?
Je lisai Andréa Dworkin, que jadmire probablement plus que tout autre, qui disait "la première chose à faire c'est de stopper l'oppression des femmes par les hommes, ce doit être la priorité; ensuite le problème sera que tout le monde mange à sa fin et ai un toit". Certes. Et après? 


Je rêve de folie, je rêve de fous, je rêve de grand dérèglements, de gens qui disent non. Que les gens cessent de fonctionner. Que tout se casse la gueule, se barre en c***lle, je rêve d'un immense capharnaüm; de bruit, de beaucoup de bruit, de déraisonnable, de folie pure, de course poursuite contre l'inconnu, de boucan, d'un foisonnement inaudible, déréglé, particulaire, éclatant, tonitruant. Que plus rien n'ai de sens, enfin, que tout le monde en soit persuadé, enfin. Que tout se révèle et explose, un grand moment de lucidité, un grand moment de folie. Et vous me direz ça existe déjà. Les gens se réunissent pour faire ça; des rave, des transes, des fêtes grandes, des salles de théâtre aussi, ou des cours que l'on paye pour y faire tout ce qu'on ne ferait pas dans la vraie vie. Je me fou des espaces consacrés, des moments choisis pour, des temps réservés à. Et puis on s'arrête, on retourne à nos vraies vies. Calme, tranquille, réglées. Je veux que ça prenne n'importe où, n'importe quand, sans raison, sans concertation, sans décision, sans espace ou moment choisi. Il faudrait que ça s'exprime partout tout le temps. Que ça sorte enfin. Ce chaos du monde qui ne s'avoue pas. Le raisonnable m'inquiète. La mission aussi, le bien, le mal, aussi. Je n'ai pas d'autre obsession que l'absence radicale de sens. J'en crèverai que ça veuille dire quelque chose.

Avant j'écrivai dans mes cahiers, je ne voulais pas que ce que je dise soit lu. J'avais même peur que ça puisse se savoir, qu'un oeuil puisse porter un jugement. Mais là c'est différent. J'en ai marre d'être seule. Et je croyais que ce n'était qu'une question de temps, pour trouver enfin une résonance en quelqu'un au moins. Voir un visage familier, cesser par un lien salvateur de me vivre en parfaite étrangère à ce monde, le regardant de loin, de haut, extérieure. 

Longtemps j'ai été sure. Tout flotte mais si il y a une chose de certaine, c'est ma laideur. Si une chose m'arrive vraiment, c'est ces regards. Tout est mouvant mais je peux me raccrocher à cette lame si tranchante que sont ces regards ostracisants. Il est certain que dans la tête des gens la laideur prend forme comme un monstre et signifie. On lui accolle des choses: mal, malveillance, déplaisir, désagréable, pénible, défectueux, dégout, effroi, supplice, canular, dérangeant, culpabilité, faute, préjudice, odieux. La laideur apporte la mauvaise nouvelle. On lui en veut. Car elle rappelle, à nouveau, quelque chose que personne ne veut voir. Un mauvais mirroir. Et je me suis mise à me demander alors si elle existait vraiment. J'ai pensé: ces traits sont ils laid, provoquent ils une réaction universelle, est ce une mécanique: chose -> vision -> sentiment du laid ? Cela peut il être classé comme scientifique; mécanique; comme l'action d'une force sur un objet provoquant un mouvement? Et ce antérieurement à tout conditionnement social?
OU; est ce complètement arbitraire, une norme absurde, variant d'un lieu et d'une époque à l'autre, très relatif. J'ai pensé que c'était lié au concept de différent/même. Parce que ce qui est en général considéré comme laid est ce qui s'écarte beaucoup de la norme, la moyenne, la majorité. Par exemple; les geulles cassées, Elephant man, Frankenstein; Lizzie Velasquez. Et il y a de la part du groupe conforme, une réaction de rejet face à ce qui ne peut être inclus comme "même" parce que évidement différent. Une mise à l'index; une autrification. Un cercle en dehors duquel il n'y a pas d'humanité possible.  


Oui c'est ça; je cherchai l'amour inconditionnel; celui que tu as, qu'on te donne; n'importe quoi que tu dises, n'importe quoi que tu fasses. Celui là je ne l'ai jamais reçu. Juste t'aimer parce que tu es quelqu'un; pour rien d'autre que parce que tu es un être humain. Qu'on attende pas de t'aimer une fois que tu ai fais tes preuves, qu'on attende pas que tu ai mérité. Qu'on attende pas que tu ai donné, pour en récompense recevoir. Ce truc si simple et évident de parce que c'est toi. De parce que tu es importante; qu'importe ce que tu dis, qu'importe ce que tu fais; qu'importe ce que tu es. Parce que tu es en vie, parce que tu es vitale et urgente; parce que il n'y a rien qui passe avant toi, absolument avant toi. Je voudrais m'enfoncer dans la noirceur, dans la détestabilité, être profondément antipathique, abjecte, détestable; je veux pousser à quel point il est possible de ne pas voir un être, recouvert d'une couche suintante de mépris. Je veux voir à quel point il est possible de ne pas reconnaitre un être qui meurt. Je veux voir comme je peux le faire. Comme je me moque de qui répond. Il y a quelque chose qui ne prend pas. C'est une notion de réciprocité peut être. Il y a une volonté d'exister indépendament de tout mérite. Je veux qu'on me voit sans que j'ai à montrer. Je veux qu'on me comprenne, sans que je fasse l'effort de me faire comprendre, de parler le langage de ceux qui n'ont jamais pensé à élaborer des mots pour les cas comme moi. Je ne peux pas me niveler, me calquer sur leur modèle puisque je suis le sillon de leur plaine. Une épine creusée dans la géométrie plane. D'ailleurs je peux proférer des insultes; celles qui te font payer une amende selon le droit. Je peux dire des horreurs, des paroles répréhensibles; tenir  "des propos haineux, incitation à la haine" je peux ensuite penser douce comme la coulée d'une rivière au printemps, grizzly des neiges, papillon; je suis amour, révolutionnaire romantique, poète du sublime. Marxiste, féministe, réactionnaire, écologiste, antispésciste, révolutionnaire, conservatrice, progressiste, rasciste, néo-nazi, pacifiste, anti-militariste. Je peux être tout ce que vous voulez, tenir tout les propos, me visser toutes les casquettes sur la tête, jongler avec les idées et les sensibilités, les visions de l'histoire et de l'homme, les convictions. Je me fou royalement du propos, je me fou royalement de la sensibilité, je me fou royalement du positionnement intellectuel, politique. Peut être qu'en fait la question n'est pas là. Ou alors que la question est politique mais jamais abordée jusqu'alors. Parce que ceux qui ont le pouvoir de poser les questions sur la place publique, posent celles qui les préoccupent. Alors si jamais personne n'a posé les questions que je me pose c'est peut être que ceux qui ont le pouvoir d'énoncer les problemes, n'ont jamais eu besoin de questionner l'occurence. 

Mon narcissisme est abjecte. Quand s'est il construit? J'ai lu tout Beauvoir. J'adore Beauvoir. Je me voyais un lien de filliation avec Beauvoir. Genre mère spirituelle. Je ne ressemble pas à Beauvoir, je diffère de Beauvoir. Ma trajectoire est singulièrement divergente de celle de Beauvoir. 
Je veux me voir vue, je détèste qu'on me regarde. Je voulais des spectateurs, des témoins, être au centre de la pièce, du film. Quand je parle, il y a toujours quelqu'un qui me regarde, toujours un oeuil omniscient. Une pensée qui pense en moi et me surveille, me matte. Je ne suis pas seule. Ce quelqu'un c'est l'autre. Et cet autre c'est moi. Il y a des exigences pleines et avardes. J'ai lu pas mal. De bouquins. Pas toujours d'un bout à l'autre.